Lorsque l’on traverse la douloureuse épreuve du deuil, il peut être plus facile de parler de sa souffrance à des inconnus que de partager ses sentiments avec famille et amis. La pudeur, la gêne, la culpabilité ou encore le simple fait que les proches sont également touchés par la perte entravent en effet la libération des émotions par la parole. Heureusement, d’autres exutoires existent, des forums internet à l’écoute par téléphone en passant par le soutien thérapeutique individuel. Un seul conjugue cependant un encadrement de qualité à la convivialité et à la confidentialité : il s’agit des groupes de deuil, des groupes de paroles réunissant des personnes endeuillées autour d’un ou de plusieurs animateurs.
Se confronter à des personnes qui vivent la même épreuve
Tout d’abord apparus dans les unités de soins palliatifs, les groupes de deuil visent à accompagner tous ceux qui ont du mal à accepter la disparition d’un parent, enfant, ami ou conjoint, des semaines, des mois, voire même des années après le décès. Il existe plusieurs types de groupes de parole ; certains adoptent un fonctionnement ouvert : vient qui veut, quand il veut. D’autres sont plus fermés et nécessitent, en plus d’une inscription, l’assiduité à un certain nombre de séances. Certains groupes, enfin, sont spécialisés, et réunissent des catégories particulières d’endeuillés : les veufs et les veuves, les orphelins, ou encore les parents qui ont perdu un enfant. Cela permet à tous les participants d’avoir un langage commun, et de faciliter les discussions. Enfin, pour que la fréquentation d’un groupe de deuil soit profitable, il faut que celui-ci soit dirigé par une personne compétente, qu’elle soit psychologue ou tout simplement rompue à l’animation de ce type de réunion. La convivialité est un élément essentiel ; la salle et l’ambiance doivent être accueillantes. La bienveillance est également la règle, et les participants doivent se retenir de juger ou de critiquer les autres. Il faut, par ailleurs, respecter la confidentialité, qui garantit une parole franche et libre.
Apprendre par l’écoute
Bien entendu, chacun est différent et les parcours des participants sont forcément très variés, mais le simple fait d’avoir vécu un deuil rapproche les uns des autres. Les langues se délient et on partage ses impressions, sa tristesse, ses symptômes et ses idées noires. Au fil des séances, on apprend bien des choses sur le deuil en écoutant les différents participants : comment gérer la culpabilité et la colère, comment supporter le regard des autres ou encore comment vivre les fêtes de fin d’année. Des sujets plus concrets, comme l’héritage ou les affaires du défunt, sont également abordés, et, ensemble, les participants essaient de trouver des réponses à ces questions douloureuses.
Sortir de l’isolement
Même si le deuil est avant tout un processus intérieur, il n’est pas bon d’être isolé. Si les groupes de deuil sont si efficaces, c’est parce qu’ils réduisent la marginalisation des personnes en souffrance et leur permettent même de se resocialiser. Plusieurs études montrent que ces groupes de parole ont un véritable effet préventif, vis-à-vis de l’alcoolisme et du suicide notamment. Tout en réconfortant les endeuillés, ils permettent d’exprimer des émotions refoulées et d’effectuer un travail sur soi, sans que jamais les participants n’aient l’impression d’être considérés comme des malades.
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