Eloigner l’enfant ne signifie pas le protéger
Dans notre société, la mort est devenue un tabou, ce qui se manifeste tout particulièrement dans la façon dont nous en parlons –ou pas – aux enfants. Bien souvent, lorsqu’un grand-parent, un parent, un frère ou une sœur disparait, le premier réflexe est d’éloigner les enfants, car on pense que la vue du corps et de leur famille en pleurs peut leur nuire. En réalité, plus que la mort en elle-même, c’est le comportement des adultes qui amplifie l’angoisse des enfants. Ceux-ci ont besoin d’entendre, de la bouche de leurs parents, ce qui se passe. Il vaut mieux ainsi donner des explications claires à l’enfant et le faire participer aux obsèques plutôt que de l’en éloigner. Déguiser la vérité et l’exclure des conversations ne fait en effet qu’attiser sa peur et sa curiosité. Pire, en l’isolant, on risque même de ne pas bien le préparer à la vie. La seule solution, lorsqu’un enfant est confronté à la mort d’un de ses proches, est donc de lui parler avec calme et de l’inclure dans le rituel, afin qu’il comprenne que la mort n’est pas mauvaise en soi, qu’elle fait partie de la vie et lui donne un sens.
La nécessité de briser le silence
Conscients de la nécessité de parler de la mort, beaucoup d’endeuillés se demandent comment faire pour évoquer ce sujet douloureux. Il faut répondre aux questions que les enfants se posent avec tact et délicatesse, sans pourtant masquer la vérité. On évitera donc d’utiliser des expressions comme « Ton grand-père est parti » ou « Ta maman est au ciel », qui peuvent donner naissance à des fantasmes ; un petit garçon pourra ainsi vouloir devenir pilote pour se rapprocher de sa maman trop tôt disparue. Il faut privilégier les termes clairs et honnêtes, adaptés à l’âge de l’enfant.
Un traumatisme vécu différemment selon l’âge de l’enfant
Selon leur âge, les enfants ne vivent pas la mort de la même façon ; pour les touts petits, qui ne sont pas capables de l’envisager, elle équivaut à l’absence. A partir de cinq ans, les enfants cherchent à comprendre, sans pour autant saisir son caractère irréversible et inéluctable. Ce n’est que vers huit ou neuf que l’enfant prend véritablement conscience de la mort, même s’il pense qu’elle ne le concerne pas. Les adolescents, quant à eux, sont très touchés par la mort de leurs proches, d’autant plus qu’ils ont souvent du mal à exprimer leurs émotions.
Accompagner les enfants dans leur deuil
Quel que soit leur âge, la mort est un traumatisme pour l’enfant ; ce n’est donc pas parce qu’il peut passer des larmes au rire qu’il ne souffre pas. Son processus de deuil est différent de celui des adultes, mais il peut être plus long. Il faut donc l’accompagner dans ce cheminement, en commençant par l’associer au rituel. Ensuite, il est nécessaire de l’écouter, d’être attentif à ses symptômes et à sa tristesse, et d’encourager l’expression de ses émotions. Enfin, il faut absolument maintenir les règles habituelles : elles lui donneront une structure et le rassureront.
Image: Flickr Creative Commons/James Feller