Aujourd’hui, on vit beaucoup en ligne, via nos comptes email, les réseaux sociaux, les blogs ou encore les systèmes de stockage sur le cloud : les traces de nos vies virtuelles prennent ainsi la forme d’une multitude de données et de mots de passe qui survivent après la mort, et dont le destin est parfois flou.
La mort virtuelle : une situation complexe
Quand on ne connait pas les mots de passe d’un proche disparu, il est difficile, voire parfois impossible, de reprendre le contrôle de ses comptes sur les réseaux sociaux et de ses données pour éviter qu’ils ne soient hackés ou malmenés. Parfois, les personnes en deuil souhaitent également accéder à un compte Facebook pour y publier des photos et honorer le défunt. Or, en France, la loi Informatique et Libertés précise que tous les droits d’accès, de modification et de suppression des données d’une personne s’éteignent à sa mort : aucune transmission des droits aux héritiers n’est prévue. Il est ainsi normalement absolument impossible d’accéder aux données du défunt. La CNIL fait toutefois des exceptions, si on lui en fait la demande.
Reprendre le contrôle des comptes des disparus sur les réseaux sociaux
Pour gérer le phénomène de la mort virtuelle, les réseaux sociaux et services en ligne ont mis au point des procédures permettant aux proches des disparus de fermer ou de gérer leurs comptes et profils. Facebook, qui prend souvent des allures de cimetière virtuel, offre la possibilité de transformer le profil d’une personne décédée en sanctuaire. On peut également télécharger le contenu d’un profil ou tout simplement le supprimer, en faisant une demande via un formulaire en ligne. Twitter a adopté une politique différente de Facebook, et désactive systématiquement les comptes des internautes disparus. Pour signaler la mort de quelqu’un, il faut écrire un email à Twitter en précisant le nom d’utilisateur de la personne et en joignant une copie de son certificat de décès ainsi qu’une déclaration signée. On peut effectuer le même type de procédure auprès d’Instagram et de Tumblr, tandis que sur LinkedIn et Pinterest, la demande s’effectue via un formulaire en ligne.
Prévoir soi-même sa mort digitale
La mort virtuelle est devenue un véritable business, et plusieurs sociétés proposent de gérer vos comptes et données en cas de décès. Le phénomène, apparu outre-Atlantique, est en train d’émerger en France avec des sites comme La Vie d’Après, qui se chargent de transmettre des messages aux proches. D’autres services vont beaucoup plus loin ; c’est par exemple cas d’Entrustet, qui transfère les données numériques à dix « héritiers ».
D’autres solutions, comme MyWebwill, permettent de confier aux proches les mots de passe des comptes sur les réseaux sociaux, ou leur envoient données confidentielles, lettres d’adieu et instructions pour les funérailles. Pour savoir que la personne est morte, ces services demandent parfois d’entrer régulièrement un mot de passe sur un compte. « Inactive Account Manager », le système de Google, se met quant à lui en branle après une période d’inactivité de trois mois à un an, et plusieurs emails et SMS de relance : il envoie ensuite un message à dix destinataires, contenant les données archivées en ligne sous forme de dossier compressé aux proches. On peut également opter pour la destruction totale des données.