Une alternative à la thérapie
Les mots ne sont pas la seule façon d’exprimer nos sentiments : on peut aussi danser et jouer de la musique, imaginer et dessiner, peindre et coller, façonner et modeler. L’art, sous toutes ses formes, est un formidable exutoire ; il apporte du réconfort à ceux qui traversent la douloureuse épreuve du deuil et qui n’arrivent pas à exprimer leurs sentiments par la parole. Pratiqué seul, pour ceux qui en avaient déjà l’habitude avant le décès d’un proche, ou en groupe, accompagné par un art-thérapeute, il constitue une alternative intéressante à la communication verbale. Une pratique artistique peut ainsi prendre la place de séances de thérapie traditionnelle, de groupes de paroles ou de soutien téléphonique. Lorsque l’on crée, que l’on concentre et que l’on se sert de ses mains, on est capable de mettre la douleur de côté pour quelques précieux instants, tout en exprimant son tumulte intérieur.
S’exprimer sans utiliser de mots
L’art thérapie est tout particulièrement efficace dans les situations où les mots nous manquent, quand la douleur est telle que l’on ne peut pas parler de ce qu’il s’est passé. Lorsque l’on dessine, on n’utilise pas les mêmes procédés cognitifs que lorsque l’on parle ou écrit. Ainsi, c’est par ce qu’il permet de mettre de la distance entre soi et sa douleur que le langage visuel est si efficace. A l’aide de dessins, de peintures ou de collages, on peut raconter l’histoire de sa vie et parler de la personne que l’on a perdue. Certains thérapeutes proposent ainsi d’évoquer, de façon symbolique, la relation que l’on avait avec le défunt, sous forme d’albums contenant des photos découpées, des dessins, des lettres, des collages et des poèmes, afin d’obtenir un produit tangible de son expérience intérieure.
Une pratique cathartique
Cependant plus que le résultat, c’est le cheminement qui est important. Le fait même de créer apporte une certaine joie et une paix, ce que les artistes savent bien. L’art thérapie permet en effet de travailler sur le deuil de façon inconsciente, sans passer par les mots, ce qui aide à libérer des énergies et des conflits intérieurs. L’art thérapeute joue un rôle essentiel dans ce processus : grâce à sa capacité d’empathie, il guide et accompagne les endeuillés, en les aidant à travailler sur leurs sentiments de culpabilité, leurs peurs et leur chagrin.
L’art thérapie pour se reconstruire et aller de l’avant
Au-delà de la souffrance et de la douleur, le deuil est avant tout un travail d’adaptation qui peut durer de longues années. L’art est un outil efficace en ce qu’il peut, en partie, aider les personnes en souffrance à se réconcilier avec elles-mêmes et à faire sens de leur douleur. Il place les endeuillés en position d’acteurs de leur vie, et non plus de victimes. Les séances en groupe peuvent en outre jouer un autre rôle : après les obsèques, lorsque les proches retournent à leur vie quotidienne et que le soutien se fait plus rare, l’art thérapie est un accompagnement bienvenu, qui comble le vide et permet de retrouver une certaine solidarité. Grâce à l’art thérapie, la solitude, le déni, l’anxiété et le désespoir font ainsi place au partage, à l’acceptation, à la sérénité et à l’espoir, et la vie reprend des couleurs.
Image: Flickr Creative Commons/NazarethCollege