Après la mort d’un proche, il n’est pas rare de voir apparaitre des symptômes gênants, ou de voir s’intensifier des problèmes de santé déjà existants. Ce n’est pas une coïncidence : si le processus de deuil est avant tout mental, les sentiments se manifestent également de façon physique. A l’annonce de la mort, beaucoup d’endeuillés sont ainsi tout d’abord plongés dans un état de choc qui se traduit par un engourdissement, une vision brouillée, des bourdonnements dans les oreilles ou encore la sensation d’une grande pesanteur : c’est la mesure de survie utilisée par le corps pour se protéger d’une intense souffrance. Mais des douleurs peuvent ensuite apparaitre, comme si le corps devait lui aussi exprimer à sa façon la détresse entrainée par la perte.
Des symptômes variés
Les manifestations physiques du deuil peuvent prendre de multiples formes. Perte d’appétit et troubles digestifs sont communs, tout comme les maux de tête, la transpiration excessive, l’hypertension, la sensation d’étouffer ou l’hypersensibilité au bruit. Certains symptômes apparaissent de façon inattendue, lorsque l’on tombe par exemple sur des objets ayant appartenu au défunt. Boule dans la gorge, difficultés à avaler et hauts-le-cœur sont des signes courants, qui montrent que l’on réprime des émotions. Perte d’intérêt et problèmes de concentration sont également tout à fait typiques du deuil, qui oblige à se retirer en soi et à se séparer du monde extérieur. Des difficultés respiratoires peuvent surgir lorsque l’on évoque le disparu, et les douleurs cardiaques sont courantes. Après le décès de leur conjoint, certaines personnes âgées disent même qu’elles ont le « cœur brisé », au sens propre comme au figuré, si bien que les maladies cardiovasculaires figurent parmi les causes de décès les plus répandues chez les veufs et les veuves. Dans certains cas extrêmes, les endeuillés ressentent des symptômes similaires à ceux qu’avait la personne décédée, comme si, par la douleur, ils pouvaient se rapprocher d’elle. Les enfants ne sont pas non plus à l’abri, et sommeil perturbé, dépression et troubles de l’alimentation peuvent apparaitre.
Prendre soin de soi : une nécessité
Même si, dans la détresse et le chagrin, prendre soin de son corps semble ne pas avoir une grande importance, il faut absolument éviter de se laisser aller, surtout si l’on souffre d’une maladie chronique. Pour limiter l’apparition de complications psychosomatiques, il faut veiller à sa santé, se reposer suffisamment et manger sainement. Il faut également éviter de recourir à l’alcool pour noyer son chagrin, ce qui ne fait qu’amplifier la dépression. Ces pièges guettent tout particulièrement les personnes âgées ; lorsqu’un conjoint meurt, leur routine est bouleversée, et il leur est facile d’oublier de manger, de se laver ou de faire les courses. Elles sont ainsi particulièrement vulnérables à la dénutrition, à la surconsommation de médicaments et à l’isolement. Les proches doivent donc faire attention aux déséquilibres entrainés par le deuil et doivent être capables de repérer les signes inquiétants d’un état physique qui se dégrade. Dans tous les cas, il ne faut jamais oublier que la véritable douleur est psychique, et que le corps ne se fait que bien souvent l’écho d’émotions refoulées : c’est en exprimant leur chagrin que les personnes endeuillées pourront soulager leur corps.
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