On n’apprend nulle part à faire ses condoléances, et, à la douleur du moment s’ajoute la peur de blesser ou de faire un faux pas. L’essentiel, c’est d’éviter les formules toutes faites et de rédiger un texte personnel. On ne peut toutefois pas tout dire dans une lettre ou un mot de condoléances : voici une liste de choses qui n’y ont pas leur place et qu’il vaut mieux garder pour soi.
- « Je sais ce que tu ressens » : ce genre d’affirmation peut avoir l’effet inverse à l’effet escompté et augmenter le sentiment d’isolement. Ne faites pas de comparaisons : tout le monde est différent, et personne ne peut prétendre savoir ce que ressent quelqu’un qui vient de perdre un proche. Si vous avez connu le défunt, parlez plutôt de votre propre tristesse et de vos émotions. Sinon, exprimez votre compassion et votre sympathie.
- Exprimer vos opinions philosophiques et religieuses : si vous ne savez pas quelles sont les croyances et les pratiques religieuses du défunt et de sa famille, ne leur donnez pas un choc supplémentaire en introduisant dans votre lettre des idées qui ne sont pas les leurs. Privilégiez les mots qui viennent du cœur.
- Entrer dans les détails de la mort. Bien entendu, la mort ne doit pas être taboue dans une lettre de condoléances ; on peut tout à fait en parler, mais mieux vaut ne pas mentionner les circonstances du décès de façon trop abrupte ou crue.
- « Voyez le bon côté des choses », ou « Au moins, il n’aura pas souffert », ou encore « Vous avez pu lui dire au revoir ». La mort est difficile, quelle que soit la forme qu’elle prend. Une lettre de condoléance peut tout à fait contenir un aspect positif, mais pas de cette façon : à la place de ces formules qui feront souffrir le destinataire, racontez un souvenir ou une anecdote sur le disparu, qui seront bienvenus dans le tourbillon de souffrance dans lequel sont pris ses proches. L’humour a tout à fait sa place dans l’évocation du défunt : en temps de deuil, un sourire est extrêmement précieux.
- « C’est un soulagement »: même si le décès est sans doute, quelque part, un soulagement après une longue maladie, il ne faut pas le mentionner. Ce manque de tact peut aviver chez le proche en deuil un sentiment de culpabilité auquel il doit déjà sans doute se confronter au quotidien.
- « Tu vas enfin pouvoir tourner la page » : penser à l’avenir, au début de la période de deuil, est très douloureux et peut être vécu comme une trahison.
- « Il aura eu une longue vie », en parlant d’une personne âgée : à partir de quel âge est-on assez vieux pour mourir ? Même si 92 ans vous semble être un bel âge pour mourir, ce n’est certainement pas ce que pensent les proches du défunt.
- « Je ne sais pas ce que je ferais si ma femme/mon père/mon fille mourrait ». Ne parlez pas trop de vous lorsque vous présentez vos condoléances; mentionnez plutôt l’impact que le décès a eu sur vous.
- Leur dire qu’il faut pleurer, ou pas. Chaque personne réagit différemment. Il est inutile de dire à une personne qui pleure un disparu : « arrête de pleurer », même si elle est très démonstrative. C’est une réaction naturelle et saine face à la mort. Inversement, dire : « pleure, laisse-toi aller » à une personne qui n’exprime pas d’émotion est tout aussi inutile. Peut-être qu’elle est en état de choc, et qu’elle ressentira un contrecoup dans quelques jours, ou tout simplement qu’elle exprime ses sentiments d’une autre manière.
- Maintenant, il faut passer à autre chose. Parce que la personne a disparu il y a déjà six mois, ou un délai plus long, vous pourriez songer qu’il faut encourager un proche à tourner la page. Le fait est que la durée de deuil est différente pour chaque personne.
Pour résumer, il ne faut pas essayer d’imposer vos interprétations sur la disparition de quelqu’un. Votre message doit rappeler de bons souvenirs, être empreint de sympathie, et aider un proche à se sentir un peu mieux.