Facebook, Twitter, Instagram ou les blogs personnels servent, entre autres, à renouer des liens avec des amis perdus de vue ou à rester en contact avec ses proches en partageant avec eux des petits morceaux de nos vies. Il arrive également que l’on y noue des amitiés avec de parfaits inconnus dans la vie « réelle », des personnes que l’on ne connait que via photos, publications, emails, vidéos et sessions de chat. A côté des mariages, des naissances et des joies du quotidien, la mort fait parfois son irruption dans l’univers virtuel ; or, comme le phénomène des amis virtuels est relativement récent, les nouveaux rituels sont seulement en train d’apparaitre. Comment réagir alors lorsqu’on est confronté au décès d’un ami que l’on n’a jamais vu en chair et en os, et qui vit à des centaines, voire à des milliers de kilomètres ?
Est-on « autorisé » à faire son deuil ?
Dans un ouvrage publié en 2010 et intitulé Death, Dying and Grief in an online universe, une équipe de chercheurs américains s’est penchée sur la façon dont on fait son deuil dans le monde virtuel. Ils ont découvert que, bien souvent, les internautes ayant perdu un ami virtuel ont l’impression de ne pas « avoir le droit » de faire leur deuil. En effet, malgré leur douleur et leur tristesse, ils ont la sensation d’usurper le chagrin des autres et n’osent pas contacter la famille du défunt, de peur de ne pas être les bienvenus. A cela s’ajoute l’incompréhension de leurs proches, qui ont parfois du mal à admettre qu’une relation virtuelle puisse être tout à fait réelle.
Ami virtuel, amitié réelle
Même si de nombreuses connexions nouées dans l’univers virtuel sont superficielles, certaines peuvent être profondes. Il peut même arriver que l’on se confie plus volontiers à une personne que l’on n’a jamais rencontrée qu’à un proche. Le web et les réseaux sociaux peuvent ainsi favoriser l’émergence de véritables amitiés ; en cas de décès, perdre un ami que l’on a rencontré au détour d’un forum ou d’une page Facebook peut être vécu comme un traumatisme. Il faut donc que les amis virtuels endeuillés s’autorisent à faire leur deuil, et cherchent des façons d’honorer la mémoire du disparu.
Honorer la mémoire d’un ami virtuel
Le phénomène des réseaux sociaux et des amis virtuels étant relativement récent, il n’existe pas encore de « mode d’emploi » en cas de décès. Si l’éloignement géographique n’est pas trop important, il est possible de se rendre à l’enterrement d’un ami virtuel décédé. Sinon, on peut faire parvenir des fleurs ou un petit mot de condoléances à la famille. Le plus important, pour pouvoir faire son deuil, est de parler du défunt avec des personnes qui le connaissaient, sur la communauté virtuelle qu’il fréquentait, sur sa page Facebook ou encore sur un mémorial en ligne créé pour l’occasion. Ces espaces permettent de partager photos, vidéos, anecdotes et souvenirs, et de trouver du réconfort : c’est ainsi qu’émergent de nouveaux rituels, qui permettent de vivre la réalité de la mort dans le monde virtuel.
Crédit photo: Flickr/Amit Agarwal