Quand il s’agit de s’occuper des objets laissés par le disparu, les personnes endeuillées sont souvent confrontées à un dilemme. Que faire de ces objets et de ces vêtements qui ont été touchés, utilisés, portés et aimés par le défunt ? Faut-il s’en débarrasser au plus vite ou, au contraire, les conserver religieusement ? Comme ces souvenirs sont des outils qui permettent de franchir les difficiles étapes du deuil, il faut laisser le temps décider de ce que l’on gardera et de ce que l’on jettera.
Un lien avec le disparu
Qu’il s’agisse de jouets éparpillés par terre, d’armoires bourrées de vêtements, de sacs à main abandonnés sur une table, de livres lus et relus ou de babioles sans valeur, les objets laissés par le disparu sont pleins de sens et d’histoire. Et même ceux qui n’en avaient pas au départ, ces objets mal-aimés du quotidien, prennent une valeur inattendue une fois que la mort surgit et qu’il faut décider de leur destin. Pour beaucoup, les objets personnels du disparu sont une présence apaisante : même si les regarder ou les toucher fait mal au cœur, cela fait du bien de s’en entourer. Ils deviennent de petits trésors, qui aident à se sentir moins seul.
Tout jeter…
Tout le monde ne se sent toutefois pas réconforté par les objets orphelins. Après les funérailles, certaines personnes endeuillées ont le désir, violent et impératif, de tout jeter, pensant que cela les aidera à faire leur deuil et à passer à autre chose plus vite. Il faut être prudent : ces objets familiers créent un sentiment de sécurité, qui disparait lorsqu’on s’en débarrasse trop tôt. Il ne faut pas oublier que ce qui est jeté est définitivement perdu. De plus, lorsque l’on s’empresse de ranger dans des cartons les affaires d’un bébé mort-né ou d’éliminer d’un appartement toute trace d’un conjoint disparu, cela signifie que l’on préfère se détourner de la tristesse plutôt que de l’affronter. Cela ne facilite pas le travail de deuil : ce n’est pas parce que les objets ont disparu que la douleur partira plus vite.
… ou tout garder ?
D’autres personnes endeuillées ont une réaction opposée : elles conservent tout, absolument tout, dans l’état où les choses étaient au moment du décès. Le bureau d’un mari, la chambre d’un enfant, deviennent ainsi des sanctuaires dans lesquels le temps ne semble pas avoir de prise. C’est également excessif, et ne toucher à rien revient à éviter de faire face à la disparition. Difficile, dans ce cas, d’accepter la nouvelle réalité et de faire son deuil.
Se donner le temps
Conserver religieusement les objets du défunt pendant des années ou les jeter précipitamment sont des réactions extrêmes, qu’il vaut mieux éviter. Mis à part cela, il n’y a pas de règle, et il faut accepter de laisser le temps faire le tri entre les bijoux, livres ou vêtements que l’on conservera précieusement, et ceux dont on se séparera. Dans un premier temps, vivre avec les souvenirs peut adoucir la peine ; puis, le besoin de toucher et de regarder les souvenirs s’efface peu à peu. Une fois que l’on a accepté la perte, on peut décider plus sereinement ce que l’on fera de ces objets : en donner certains à une bonne œuvre, en offrir d’autres aux enfants et petits-enfants, jeter ceux qui n’ont aucune valeur, et garder ceux qui ont la plus forte portée symbolique près de soi, pour conserver un lien tangible avec le défunt.