Quand retourner au travail lorsque l’on a perdu un proche ? Le code du travail français est très clair ; on bénéficie d’une autorisation exceptionnelle d’absence de deux jours pour le décès d’un enfant ou d’un conjoint, et d’une journée pour la mort d’un parent, d’un beau-parent, d’un frère ou d’une sœur. Ces congés, extrêmement courts, sont cependant bien souvent loin d’être suffisants pour se replonger dans l’environnement professionnel. Certains employeurs se montrent plus accommodants, et il est toujours possible de prendre des congés sans solde pour tenter de se reconstruire avant de retourner au quotidien. Même si affronter le monde du travail après avoir vécu un profond traumatisme peut sembler insurmontable, certains endeuillés ressentent le besoin d’y revenir le plus tôt possible. Le travail peut ainsi devenir une façon de mettre le deuil entre parenthèse et offre un répit bienvenu : il donne l’impression d’un retour à la normale, seulement apparent bien entendu, mais néanmoins précieux.
Un réseau de soutien
En plus d’être une distraction nécessaire, le travail offre un réseau de soutien supplémentaire aux endeuillés. En plus des amis et de la famille, on a des collègues qui mettent en place, tout naturellement, des mécanismes d’aide. On peut tout à fait remiser sa peine au placard lorsqu’on entre au bureau, mais en parler est généralement préférable ; en revenant au travail, on gagne donc une écoute supplémentaire, et on peut partager ses difficultés et ses sentiments avec un plus grand nombre de personnes. Le soutien peut se manifester également par un ajustement de la charge de travail, pour ne pas ajouter de pression à une personne déjà en souffrance, et à une certaine indulgence en cas d’erreurs. Le retour au travail peut jouer un rôle positif dans le processus de deuil, mais encore faut-il savoir quand y revenir. Certains ont besoin de quelques jours, d’autres de plusieurs mois, d’autres encore d’un retour progressif.
Concilier travail de deuil et deuil au travail
Même si le retour au travail s’avère souvent plutôt sain pour les personnes endeuillées, il est souvent difficile. Tout d’abord, parce que le deuil est un processus épuisant, et qu’il a un impact sur la productivité et sur la motivation. Ensuite, parce que des troubles de santé mentale et physique peuvent s’ajouter à la fatigue extrême. Cela donne la sensation, parfois, d’être pris dans un tourbillon, et d’accomplir les tâches l’esprit ailleurs : c’est tout à fait normal, et il est essentiel que les employeurs soient conscients des difficultés qu’affrontent les endeuillés. Absentéisme, retards, erreurs sont les dommages collatéraux du deuil, et il faut faire avec, le temps que les blessures soient moins à vif. En même temps, même si le cœur n’y est pas, le retour au travail permet de redevenir un acteur de sa vie et de ne plus être seulement une victime. Il redonne aux endeuillés une composante essentielle de leur identité, dont ils avaient provisoirement été dépouillés par la mort.
Image: Flickr Creative Commons/BobMical