Aujourd’hui plus que jamais, le deuil est public : le chagrin s’affiche sur les réseaux sociaux, se partage et se commente. Facebook est ainsi devenu un espace privilégié pour faire son deuil à l’ère d’internet : en témoigne la multiplication des pages commémoratives, qui rassemblent amis et familles des défunts, mais aussi lointaines connaissances, collègues et parfaits inconnus. Le réseau social est un moyen de communication incroyablement plus efficace que les traditionnelles notices nécrologiques et célébrations religieuses : il a véritablement révolutionné la façon dont on vit le deuil.
Pages personnelles et comptes de commémoration
Sur Facebook, les mémoriaux peuvent prendre deux formes différentes. Tout d’abord, le réseau social propose, sur demande des proches, de transformer le compte Facebook d’une personne en « compte de commémoration », dont l’accès est réservé aux « amis » du défunt. Pour contourner cette limite, beaucoup préfèrent cependant créer une page publique, ouverte à tous. Le contenu de ce type de page est choisi par son propriétaire, mais tous les utilisateurs de Facebook peuvent y poster des commentaires, tagger une personne dans une photographie ou encore « liker » une publication. Les pages de commémoration ont quant à elles un contenu très différent, puisqu’elles ont été créées par les défunts, qui y ont mis en ligne ce qu’ils souhaitaient montrer d’eux-mêmes : elles sont comme figées dans le temps, et les commentaires postés s’adressent bien souvent au disparu lui-même.
Les avantages de Facebook
L’avantage premier des réseaux sociaux, par rapport aux modes de communication traditionnels, c’est qu’ils permettent de faire circuler l’information plus rapidement, et auprès d’un plus grand nombre de personnes. On peut facilement communiquer des détails pratiques, comme l’heure et le lieu de l’enterrement, des liens vers une notice nécrologique ou des articles. Cela attire bien souvent beaucoup de monde aux funérailles, ce qui est perçu de façon positive par les personnes endeuillés.
Le nombre de « like » est également parfois vu comme une consolation et une tentative de donner du sens à la mort : plus il y en a, plus les proches peuvent se sentir réconfortés. Pour eux, l’effusion de solidarité est la preuve que le défunt n’est pas mort pour rien, et que son histoire touche de nombreux internautes. Les pages commémoratives Facebook servent aussi dans certains cas à sensibiliser les internautes au problème qui a causé le décès comme par exemple l’alcool au volant, une maladie ou un crime.
Les inconvénients
Cette nouvelle façon de vivre le deuil n’a toutefois pas que des avantages. Quand les pages commémoratives sont ouvertes à tous, elles attirent des étrangers, qui sont touchés par le décès pour des raisons plus ou moins claires : parce qu’ils vivent dans la même ville que lui par exemple, ou parce qu’ils ont perdu quelqu’un dans des circonstances similaires. Ces étrangers laissent parfois des commentaires, qui peuvent interloquer, et parfois même consterner, les proches du disparu. L’autre problème récurrent des pages Facebook consacrées au deuil, ce sont les trolls, ces internautes mal intentionnés qui laissent des commentaires dérangeants ou des images choquantes, provoquant colère, dégoût et chagrin chez les proches endeuillés. Le propriétaire de la page doit alors faire la police, bannir des utilisateurs et supprimer des commentaires.